À propos de Moi...

Moi dans toute ma splendeur Moi, ephem, 12 ans et demi depuis dix-sept ans maintenant.
"Quand donc te décideras-tu à grandir ???" m'a demandé mon père.
Jamais, ou peut-être un jour...

Je suis né en Lorraine au début de l'année 1973, qui allait par la suite se révéler catastrophique pour l'économie mondiale, mais je ne pense pas y être pour grand chose. Ou alors c'était involontaire, et en petite quantité. J'ai alors vécu à Verdun une enfance ordinaire et normale, une famille qui m'aimait, un chien (un superbe St Bernard du nom de Flic) qui m'aimait, des amis, une amie... Mais j'ai tout laissé un peu avant mes 10 ans. Je ne sais pas, j'en avais peut-être marre de cette vie trop joyeuse, ou alors c'est que les enfants n'ont pas toujours leur mot à dire sur où et quand la famille va changer de région.

J'arrive donc sur Vitrolles fin 1982, celle du Sud de la France. À cette époque, la ville en est à son balbutiement en tant que ville champignon, et on est encore loin des évènements qui feront basculer la ville dans l'extrêmisme, même si déjà au loin se profilent les affaires de financements occultes des partis politiques.
Je l'ai dit, Vitrolles est une ville champignon, plus précisément une cité dortoir. Les divertissements y sont rares, et le Sud inhospitalier pour un enfant qui n'a pour ainsi dire jamais connu de violence verbale ou physique. Verbale déjà, car les enfants, qui ne sont que le reflet des pensées de leurs parents, sont durs entre eux, et je passe à leurs yeux, avec ma gentillesse et mon accent Lorrain, pour un estranger, pire encore, un parigot. Violence physique, également, car si je me bagarrais comme tout bon petit garçon de mon âge dans la cours de récréation, jamais les combat n'avaient pris une telle ampleur morale, et tout était sujet à discute (comme un simple bout de gomme ou le fait de croiser le regard de quelqu'un). Mais bon, on s'y fait. On commence par ne plus dire bonjour aux gens que l'on croise dans la rue, puis à douze ans et demi, on devient asocial. À croire que l'asociabilité est un phénomène de ce siècle. Plus de la moitié des personnes que je rencontre aujourd'hui ont été, à une période ou une autre de leur vie, et à des degrés plus ou moins variables, asociales. Nombre d'entre eux sont aujourd'hui des citoyens normaux, ce qui aurait tendance à prouver que l'asociabilité forme, au même titre que la sociabilité, la société qui nous compose. Mais revenons à notre sujet, c'est à dire moi. Je me réfugie dans la musique, puis dans la lecture. J'ai changé de collège pour avoir refusé l'imposition d'une deuxième langue qui ne me plaisait pas, et je me retrouve sans amis, à plus d'une heure de marche de chez moi. Ici, c'est un quartier difficile, et la violence y est plus présente qu'ailleurs. Paradoxalement, j'arrive à m'y faire respecter par la non violence.

Le lycée est un paradoxe à lui tout seul : on y découvre une liberté nouvelle pourtant dénuée de droits. Les tenues sont surveillées et la politique y est proscrite, et les deux sont souvent sans raisons confondues. Au nom de la laïcité, on brise le droit à l'expression. Pourtant, on y côtoie sans soucis anarchistes et royalistes, démocrates ou ploutocrates. Seule la vieille gérontocratie est absente des rangs des élèves, mais c'est pourtant elle qui détient le pouvoir, et l'exerce sans remords. Pour un accroc avec ma professeur d'anglais qui le répercuta sur ma moyenne, on me refuse le passage en première scientifique sans appel (du moins avec le même conseil de classe, à la fois juge et partie qui refusa toutes les requêtes), et je redouble la seconde. Un manque d'équité et de liberté qui contraste étonnamment avec l'ouverture apparente du lycée. Aujourd'hui le mal est réparé, vu que le Lycée Pierre Mendes France ressemble d'avantage à une prison, entouré de hautes grilles destinées autant à arrêter les agressions que les regards du monde extérieur.
Pour autant que je me souvienne, l'École est le temple du savoir, et je profite pleinement de cette religion. Je m'essaye à la poésie, m'interesse beaucoup au monde extérieur et essaye de découvrir l'histoire, mais pas celle qui nous est montré dans les manuels scolaires, la vraie, celle qui a réellement eu lieu. Non pas que celle des manuels ne se soit pas réellement passée, mais on omet si facilement de nombreux petits détails...
Je rentre en classe préparatoire au lycée Thiers, à Marseille. La réputation du lycée est bonne, mais c'est une véritable batterie de génies. On y élève des polytechniciens comme d'autres élèveraient des poulets ou des joueurs de football ! Il faut dire aussi que mon but n'était pas l'X, ni même l'une autre de ces grandes écoles, mais plutôt l'ENAC. Vous savez, ce rêve d'enfant que nous avons tous fait, celui d'être pompier, pilote de ligne ou encore infirmière... moi c'était pilote de ligne, et j'essayais de m'y tenir. Après tout, je l'avais dit étant petit : "Moi, plus tard, je serai pilote, ou alors président de la république !". Alors j'essayais d'être pilote, mais maintenant que ça n'a pas marché, il ne vous reste plus qu'à voter pour moi :-)
Bref, ayant échoué à l'ENAC, je quitte les classes préparatoires pour retrouver le flot bovidé de la Faculté, où je poursuis mes études en Mathématiques (et je peux vous garantir qu'elles ne vous attendent pas trop). Essouflé, une Maîtrise de Maths en poche, me voilà convoqué par l'Armée.

Le Service National n'est désormais plus qu'une vieille légende, mais nombre d'entre vous se souviendront de la période fatidique où ils se sont fait raser la tête pour mieux marcher au pas... Le SM (Service Militaire, et non pas Sado/Maso), c'était une période d'abrutissement de dix mois (plaignez-vous dirait mon père qui en avait pour deux ans...) où l'on vous apprend des chansons rigolotes et on vous propose des activités variées, comme marcher au pas, tirer à l'arme automatique, ou encore passer sa nuit au froid droit comme un piquet pour voir si les phacochères du coin n'auraient pas envie de venir fouiner dans la tente de l'officier qui lui est au chaud en train de faire la fête avec les officiers des autres unités. En bref, un vrai Club Med, sans la plage... enfin, ça dépends où on va, parce que moi, à Tahiti, des plages il y en avait. Je vais peut-être en décevoir plus d'un, mais Tahiti, ce n'est qu'un gros volcan semi-industrialisé de 50km de circonférence où toutes les plages sauf une (celle du Club Med, le vrai) sont noires, poussière volcanique oblige (des locaux m'ont parlé de pollution, mais ça reste à vérifier...). On en fait le tour en 2 heures, voire 3 avec la petite Tahiti où les plages sont blanches et où l'on peut trouver quelques passes très intéressantes dès que l'on s'intéresse au surf. Mais où sont donc ces plages de sable blanc que l'on nous montre à la télé ??? Eh bien en face à Moorea, ou encore dans les Motus ou les lagons de Bora-Bora, Vahine ou encore Rangiroa. Mais alors il n'y a plus que ça (sauf si vous allez au Club Med ou au Méridien, of course...) et de magnifiques sites de plongée sous-marine qui nous permettent de faire ami-ami avec requins, baleines et raies de tout acabits.
Mais revenons au service militaire. En tant qu'appelé, c'est exactement comme en France (une solde de miséreux 4 fois en dessous du seuil minimum de pauvreté pour des heures de services qui frisent l'esclavagisme, et des congés payés à faire pleurer mes arrières grand-parents) sauf que vous n'avez pas droit aux trajets en train offerts (pas plus qu'en avion par ailleurs :(

Mais j'en ai tout de même gardé quelques bons souvenirs...

L'Armée m'a fait comprendre qu'il vallait mieux que je reprenne mes études, les études qu'il fallait mieux que je travaille, le travail que se consacrer à sa famille était plus important que le reste, et que cela commençait par en fonder une, se marier, avoir des enfants... bref, je grandis.
C'est pas trop tôt me dirait mon père...

Le bonheur est dans Mana